Lila L'amour est une faiblesse qui peut coûter très cher

L'amour est une faiblesse qui peut coûter très cher

La rentrée... Voilà bien un mot qui n'évoquait pas la moindre chose chez cette femme qui, pourtant, errait aux abords de Pré au Lard, près de ces boutiques où les élèves avaient été autorisés à venir faire leurs dernières courses. Ultime moment de liberté pour ces retardataires qui, engoncés dans leurs si étriqués et tellement conventionnels uniformes d'écolier, erraient de par les allées. Leurs si jolies têtes blondes souriaient ou maugréaient, pestant ou se réjouissant de cette nouvelle année d'études qui s'offrait à eux. Oui, l'année risquait d'être bien longue. Alors qu'elle suivait discrètement un petit groupe d'élèves, elle ne put s'empêcher de sourire -et d'étouffer un gloussement moqueur- devant leurs si insipides conversations. Dieu que les préoccupations de ces marmots étaient futiles et stériles ! Et Lila se félicitait chaque jour un peu plus de ne pas avoir cédé à ces étranges et dégoûtantes pulsions soit disant féminines qui auraient voulu faire d'elle une mère. Hormis le fait qu'elle refusait obstinément de voir la perfection de son corps altérée par l'une de ces bien disgracieuses grossesses elle ne voyait pas non plus l'intérêt de s'embarrasser, jusqu'à leur mort, d'une marmaille stupide, braillarde et ingrate ! Son aversion, presque physique, aux enfants ne tolérant nulle exception. Sauf une à vrai dire... Lila aimait les enfants...tant qu'ils étaient servis rosés, avec du sel, une pincée de poivre et, bien évidemment, une succulente sauce élaborée à partir de leur propre sang ! Et, pour son plus grand bonheur et soulagement, son âme partageait ses pensées ! Ils n'auraient que faire d'un enfant ! A eux deux ils se complétaient, se suffisaient, ne faisaient qu'un... Aucun être au monde ne pouvait s'immiscer dans leur vie, il n'y avait plus aucune place à prendre ! Aucune !

De toutes façons l'amour, sous toute ses formes, n'éveillait en elle que la plus vive des répulsions ! Sous prétexte de s'adonner aux « plaisirs » de ce sentiment incongru, que de bêtises, que d'erreurs pouvaient être commises ! Les gens se leurraient, se fourvoyaient, pensant aimer alors qu'ils ignoraient même le sens de ce mot jadis si noble ! Rares étaient ceux qui pouvaient, aux yeux de cette sculpturale cannibale, se targuer de vraiment connaître l'amour. A l'instant même où cette pensée amusante traversait son esprit, son regard perçant se posa sur celle, l'unique élève de Poudlard, qui l'intéressait. Celle qui avait réussi l'exploit d'aiguiser la curiosité de Lila. Celle pour qui la blonde incendiaire était prête à sortir de sa réserve, à prendre les plus grands risques et à fomenter les plus cruels et pervers des plans. Cette gamine qui, du haut de ses seize printemps, parvenait à semer le trouble et la confusion dans bien des cœurs. Cette petite garce qui avait plongé son si cher cousin, Edward Baker, dans les affres de la douleur. Lila le savait, les malheurs de son cousin venaient d'elle. Il l'avait agressée et elle lui en avait fait payer le prix fort. Elle, elle avait survécu à son agression ! Edward, lui, se perdait dans des torrents de douleur et, cela, Lila ne pouvait ni le tolérer ni moins le pardonner ! Cette fille, cette Thémis Devereaux, avait fait explosé la seule amitié qui ait vraiment tenu au cœur de son cousin. Elle avait rallié à sa cause perdue un autre garçon, Lucan Thorne. Aveuglé par la beauté de cette petite grue, ce type avait voulu la venger. Et, lors de cette misérable et pathétique mascarade, la fille dont Edward était tombé amoureux, Alexis Mayhem, avait été assassinée. Et, aujourd'hui ; alors que l'un des rares êtres à pouvoir se vanter d'avoir su toucher son cœur de glace souffrait, cette Thémis, elle vivait et respirait le bonheur ! Elle avait largué l'héritier Thorne selon la rumeur. Et, toujours selon celle-ci, elle aurait eu un enfant. Celui de son cousin ? Si tel était le cas alors Lila le lui arracherait !

Cette gamine... C'est vrai que sa beauté était à couper plus d'un souffle et elle ne passait pas inaperçue. Même perdue au milieu de cette foule de visages anonymes, elle se remarquait. Plus grande que ses petits camarades, un port altier et une allure incroyable... En d'autres circonstances Lila savait qu'elle aurait pu apprécier cette gamine. Belle, désirable et perverse ? Autant de qualités que la cannibale prisait en temps ordinaire. Mais, en l'occurrence et ce jour là, tout ce que voyait la canibale c'était sa proie. Thémis était devenue sa proie et elle n'était venue ici que pour mieux l'observer, l'épier. Il lui fallait tout connaître d'elle si elle voulait pouvoir, un jour prochain, faire de l'existence de cette demoiselle un enfer dantesque ! Plus on connaissait son ennemi et plus il était facile de pouvoir le mettre à terre, non ? Oui, cette Thémis allait souffrir ! A un instant elle suspendit sa filature. Ses yeux si clairs scrutant les alentours. Tous les sens de Lila étaient subitement en alerte. Une présence, pas totalement inconnue, flottait près d'elle. La femme sourit doucement. Cette simple « promenade » allait-elle tourner à une chose bien plus passionnante et amusante encore ? Possible. Ne parvenant pas à savoir d'où lui venait cette étrange sensation, elle poursuivit son chemin. La gamine semblait étrange... Alors que l'ensemble de ses camarades riaient et se pressaient dans les boutiques suivis de près par l'employée de Poudlard sensée les surveiller, elle, restait à l'écart. A ce moment précis elle était même seule et se dirigeait, le regard perdu dans le vide, vers la ruelle derrière la boutique. Un immense sourire vint étirer ses lèvres tandis que Lila réalisait l'opportunité que cela représentait. Certes il était encore bien trop tôt pour mettre à exécution son plan machiavélique mais rien ne l'empêchait de jouer déjà un peu, non ? La tentation était si grande ! Et Lila n'étant pas du genre à aimer se frustrer, sa décision fut très vite prise. Rabattant sa lourde capuche de velours sombre sur son visage, elle emboîta le pas à la demoiselle. Alors qu'elle arrivait dans la ruelle, elle haussa un sourcil en voyant celle-ci se tenir au mur et y appuyer sa tête. Visiblement ce n'était pas la grande forme. L'enfant se tenait le ventre et les gémissements qu'elle émettait faisaient ronronner la cannibale. Elle pensait souffrir ? Thémis se trompait. La véritable souffrance, ou du moins un modeste aperçu, allait arriver. Sa baguette se dressa et dans un murmure Lila prononça

«  Endoloris ! « 

Mais , alors qu'elle jubilait déjà de pouvoir s'amuser, son sort fut dévié à la dernière seconde par une main qui venait d'agripper son poignet de faire dévier sa baguette. Furieuse de voir que le sort épargnait sa victime, Lila jeta un rapide coup d'oeil à celle-ci. La jeune fille se tenait devant elle mais le regard qu'elle jetait ne lui était pas destiné. Non, l'être que la si belle jeune fille regardait se trouvait derrière Lila. Et celle-ci n'eut pas même à se retourner our en découvrir l'identité puisque Thémis se chargea de la lui donner lorsqu'elle murmura, plus surprise qu'apeurée

«  Thaly ? »

Thaly ? Thalyesin McAllister ? Quelle surprise ! Comment cette gamine pouvait-elle connaître l'ex mari, Mangemort en fuite, de son amie Samara ? Voilà qui était bien étrange ! Et, ce qui l'était encore plus, était le fait que celui-ci vienne d'empêcher Lila de jeter un sort à la gosse ! Sans même se retourner, se dégageant de l'emprise de la main de l'homme, elle rit à gorge déployée avant de murmurer tout en lui faisant enfin face.

- «  Thalyesin ! Je te croyais en fuite dis-moi... Après ce que tu as osé faire à Samara, comment oses-t encore te montrer ? dit-elle en riant tou en reculant doucement et en s'éloignant du Mage Noir. Son visage était en partie dissimulé derrière un masque et la femme en connaissait la raison. Kendrick ne l'avait pas râté ! Avant même qu'il puisse répliquer quoique ce soit, profitant de la surprise de la vert et argent, elle agrippa celle-ci par le cou et appliqua sur sa gorge une dague à la lame bien effilée... Puis, alors que Thémis ne savait ni que dire ni que faire, elle lança à l'homme Cela ne te regardes pas Thalyesin ! Cette gosse et moi avons à parler et je te déconseille de t'en mêler ! Ce son sont pas tes affaires ! N'est-ce pas ? mais le regard que jetait sa prisonnière à l'homme eut vite fait de la mettre sur la piste d'une chose dont elle ne revenait, pas qu'elle ne pouvait pas même croire. Appuyant légèrement sa lame sur la gorge de la jeune fille, lui arrachant un léger cri tandis qu'une goutte de son sang perlait, Lila ajouta Ou, au contraire, seraient-ce tes affaires ? Dis-moi Thalyesin... Cette petite putain en herbe t'aurait-elle fait tourné la tête à toi aussi ? »